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Désirs et désordres

Désirs et désordres
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12 janvier 2010

Et c'est là qu't'as dit qu'la vie ...

 

C'était la belle époque. C'est ce qu'on dit. En vrai, des belles époques y en a eu beaucoup, mais c'est vrai, celle-là elle était belle. Vivante, électrique, déchaînée. Déchirée. Souvent déchirées. On avait aucune responsabilités, on les avait toutes envoyées balader. Et comme pour nous accompagner, comme s'il nous avait connu et qu'il avait voulu nous dire " Eh les meufs, allez-y, mais faites pas les choses à moitié " Sa voix, sa putain de voix déchirée, déchirante. On trouvait du bonheur dans la souffrance, on voulait pas dissocier les deux. On se prenait pour des légendes en vrai. On croyait qu'on souffrait, mais bien-sûr, on y connaissait rien. Quand on avait plus de bières ou plus de clopes, on arrêtait de chanter, on allait se coucher. Il nous fallait tout sous la main. La souffrance, laisse-moi rigoler. Ouais, c'était une chouette époque. Une de ces époques qui semble ne jamais avoir de fin. On y connaissait vraiment rien, parce que bien-sûr, elle a eu une fin cette période. Comme toutes les périodes, en fait. La preuve. Mais il nous a pas quitté comme ça. Je le chantais toujours, je l'écoutais encore. Je le faisais écouter à ma fille, elle y comprenait rien, elle était trop petite. C'était pas grave. Puis d'autres souvenirs sont venus se rallier à ses chansons. Des tout nouveaux. Une autre chouette période. Ca en finit plus, les chouettes périodes, en vrai. Je lui faisais écouter à lui, et il y était sensible. Il m'a dit " J'adore ! " et il le dit pas souvent. Je découvrais ses nouvelles chansons, je les adorais aussi. J'avais pas l'impression de la trahir, de trahir notre passé: Les anciennes, celles-là, je les écoutais presque jamais. Ca faisait pas pareil. A chaque époque sa chanson. Mais les nouvelles me donnaient parfois envie de chialer, tellement c'était bon. C'est là que j'ai compris que ce que j'aimais, c'était sa voix, sa putain de voix, et ses putains de chansons. Que toutes les périodes pouvaient bien se finir, il restait sa voix, et ses nouvelles chansons. D'ailleurs, c'est ce qui s'est passé. Une période s'est bel et bien terminée. Violemment, à l'image de mes sentiments. Et comme si définitivement on était lié tous les trois, pile à ce moment-là, j'ai eu l'occasion de découvrir quel homme se cachait derrière ces sublimes morceaux. La déception a été à la hauteur de l'admiration que j'avais pour lui. J'ai pas acheté l'autre album. Décidément, ouais, on devait être lié quelque part, tous les trois. Et on l'était plus. Puis j'ai fini par y revenir. A lui, mais pas à elle. Sa voix me manquait trop. Oublier l'homme, se concentrer sur sa musique. Se contenter de sa musique. C'était déjà tellement énorme. Alors hier, quand j'ai appris ça ... c'est un sacré paquet de souvenirs, qui sont partis avec lui. Qui me sont revenus. Qui sont repartis. Je garde les anciens, mais j'en aurais plus de nouveaux. C'est fini. Il me restera sa voix, sa putain de musique.  C'est ce qu'il a dit d'ailleurs, que tant qu'il y aura des gens pour écouter sa musique, il restera vivant dans notre monde à la con. Ouais. Mais avoue quand même que c'est pas pareil.

Sur ce, bon vent Mano. Qu'est-ce que je peux dire de plus ? 

 

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5 juin 2009

Variation autour du même thème

L'idée était de confronter - ouh, le vilain mot - nos deux styles sur un même thème, chacune de notre
côté, sans se concerter.
Alors donc, aux millions de lecteurs qui parcourent ce blog, voici en avant première - bientôt dans toutes les bonnes librairies, deux textes succulents: Le premier par Lili B. et le second par Sarah C. sur ce "t'aime ? ":
"Quand Philippe Djian rencontre Anna Gavalda " Ouah.

5 juin 2009

" Quand Philippe Djian rencontre Anna Gavalda " par Lili B.



Les Voutes de Paris, 10 rue Servandoni.

 
Vaguement occupé à préparer la réception qui aura lieu ce soir dans les lieux, je les observe du coin de l’œil. Lui à gauche de la salle, avachi sur son fauteuil, le bras négligemment posé sur l’accoudoir, à se frotter doucement la pulpe des doigts comme s’il se jouait d’un stylo invisible. Elle, plus près de moi à droite, quelque peu mal-à-l’aise, feuilletant un magazine et jetant de furtifs coup d’œil dans la direction de l’homme. L’homme avec le stylo invisible, c’est Djian, le romancier. 37,2 le matin : roman de jeunesse, un cristal, une pépite, l’histoire d’un amour fou, physique, absolu, une écriture distante et puissante, juste et précise qui d’une phrase, vous arrache une émotion et la jette à la mer. Et maintenant nage ! impose Djian. Il déroule des lignes, les tends à l’extrême comme des cordes sur lesquels se promènent ses funambules : Zorg, Betty. L’écrivain reste en bout de corde tandis que le lecteur les regarde avancer, se bousculer, sauter de fil en fil, se poursuivre. On perd l’équilibre mais non,  Djian tisse ses lignes et nous offre un hamac : on baise. Que dire que la chute ? Rien. Juste avaler la boule qu’il vient de nous envoyer en travers de la gorge. Mise en Bouche, Impardonnables : derniers romans, il leur reste cette écriture précise et puissante, une âpreté, un regard brut, sans concession et que j’aime et qui bouscule, finalement, il reste même la profondeur des personnages et la tendresse toujours bien camouflée entre deux chapitres ; mais que reste-t-il de folie, d’intensité ? Manqueraient-ils simplement du goût de la vie ? Car au milieu des désillusions, il y a ça aussi : le goût de la vie, fût-il seulement sous la forme d’un silence, ce même silence qui pour Zorg « ressemblait à une pluie de paillettes tombant sur une tartine de colle »…

La femme avec le magazine, elle c’est Gavalda. Je l’aimais : roman simple, bien écrit, plus profond qu’il n’en a l’air. Mérite-t-elle son succès ? Pas à mon goût. Pourtant moi aussi je les ai aimés son vieux et sa jeune divorcée un peu flétrie… Il fallait oser la rencontre beau-père/bru, et rien que pour ça, rien que pour cet angle peu commun, je lui tire mon chapeau. Pour la dialectique aussi, et pour les notes de douceur savamment distillées. L’air de rien, elle esquisse ses portraits et tout doucement, les visages apparaissent, les caractères émergents ; ils sont là, près de nous. Le style, assez lisse, se prête à merveille à une lecture intérieure mais peu lasser rapidement. Du reste de son œuvre, je connais uniquement je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part au titre trop long et qui ne m’a pas laissé un souvenir impérissable. Ceci-dit, c’est un peu maigre pour se faire un avis.
La semaine dernière, en apprenant que les deux auteurs allaient se voir interviewer dans nos locaux, j’ai cherché à glaner quelques critiques ici et là.
Monsieur serait donc estampillé Beat Generation. On le dit auteur à style. Soit. Les étiquettes, après tout c’est bien utile pour acheter comme pour vendre non ? Et le sentiment d’appartenance à un groupe, c’est bien pratique pour se retrancher derrière quand la critique fait rage… Son Stratégie d’éditeur ou comportement de consommation, peu importe, moi les étiquettes ça me gave. « Mais moi, je ne revendique rien de tout cela. Je ne représente rien ni personne, je n'appartiens à aucune école. Je fais simplement mon travail d'écrivain » répond-ilEt ça vraiment, je préfère. 
Madame ? Plus difficile à classifier apparemment. Pas de style très marqué. Parfois comparée à Sagan (jamais lu), par d’autres à Philippe Delerm (je trouve pas), souvent à Marc Levy (moins doué pour les portraits quand même).  On l’associe également à une littérature de loisirs comme ce dernier, Guillaume Musso ou Katherine Pancol. « Subtilité », « finesse » scandent ses admirateurs, « contemporaine », « facile à lire» en disent les sans-opinions, « creuse », « fade » jugent ses détracteurs. Qu’elle ne puisse se réfugier dans aucune grotte littéraire en revanche me plait bien. Et qu’elle ne puisse faire une interview sans parler de Djian me surprend.Le fait qu’elle vénère Djian pourrait-elle expliquer la raison de son anxiété ? Maintenant parvenue à la dernière page de son magazine, elle le feuillète à rebours. Genoux serrés, mince, dos droit, nez fin, élégante. Chic, trop chic pour moi. Un petit côté British. Elle me regarde. Je souris. Là, elle a carrément l’air désespérée. Pas envie de faire d’effort ce matin, je fais comme si je ne comprenais pas et poursuis - imperturbable - le polissage des couverts.
Djian commence à manipuler nerveusement son mobile. Pas très sympathique le mec, mais une présence, une authenticité. Du charisme. Un type qui a l’air d’en avoir. Du fric aussi, des couilles surtout. En principe, je n’aime pas trop les petit-bourgeois reconvertis bohèmes. Il y a chez ces gens-là un sentiment d’infériorité recouvert d’arrogance qui détrompe vite sur la liberté qu’ils revendiquent. Au fond, ils se seraient voulus partis de rien et arriver ailleurs. Partir de beaucoup et arriver où ils sont ne leur suffit pas. Ils se disent libres mais on ne les sent pas vraiment heureux, cherchant à travers des concepts de vie, des principes illusoires, ce petit quelque chose qui les fascine mais qu’ils ne parviennent pas à attraper. Ce petit quelque chose qui se trouve en soi, mais qu’ils cherchent chez l’autre. Je repense un moment à ses mots à lui : "Ne t’occupe pas de ce qu’on écrit sur toi, que ce soit bon ou mauvais. Evite les endroits où l’on parle de livres. N’écoute personne. Si quelqu’un se penche sur ton épaule, bondis et frappe-le au visage. Ne tiens pas de discours sur ton travail, il n’y a rien à en dire. Ne te demande par pour quoi ni pour qui tu écris mais pense que chacune de tes phrases pourrait être la dernière" (Lent Dehors). Et je me dis, que fatalement ce mec là, il ne peut être de ceux-là. 

Bonjour pardonnez le retard… collègue accident… prévenir ? Oui, non, euh… essayé… Bafouillage du journaliste. Bon sang, comment peut-il oser un coup pareil ? Le plan est si mal préparé que je réprime un rire. Djian est vert et Gavalda clignote entre gris et rose. En gros, deux journalistes du même canard devaient interviewer chacun un des auteurs dans des salons séparés, mais là on a plus qu’un journaliste et deux auteurs… Quelle poisse tout de même ! Le petit jeune se défend bien, entre un Djian en bonne voie d’implosion et une Gavalda terrorisée à la limite du pipi intempestif. « A gauche sous l’arcade » je lui indique. Impossible de ne pas remarquer qu’elle commence méchamment à se tortiller. Son absence permet aux deux hommes de converser librement. Djian balance deux ou trois « connards », l’autre la joue grand sentimental : Anna est dans une mauvaise passe… un proche décédé hier … (silence grave)… mort brutale… (silence bis)… petite dépression (enchainement rapide). Vous (appuyé) son écrivain favori (larmoyant)… Bref, ça dure trois minutes.
Finalement, retournement de situation. J’ai du mal à y croire, pourtant Djian se rassoit et accepte l’interview commune avec simple mise en demeure de torcher ça vite fait bien fait.
A la sortie des toilettes, le gnome intercepte Anna Gavalda pour lui faire part des délibérations - discours sucré - et lui glisser une parole aimable sur la mort de son chat. C’est fou ce qu’on peut s’attacher à ces petites bêtes tout de même.« Djibril, ça sonne à l’accueil ! »  me murmure le gérant avant d’aller saluer ses hôtes. De mauvaise grâce mais dans un parfait sourire commercial, je m’exécute. Finalement, ce sont seulement des touristes qui voudraient visiter nos caves. Je les éconduis poliment : pas de visites en présence de clients, c’est une règle. Du haut des escaliers, ce ne sont plus que des bribes d’interview qui me parviennent. Similitudes de leurs vies respectives : petite bourgeoisie, fratrie, et tutti quanti. Univers réciproques. Ambiance détendue.

- Simplicité, humanité, écriture épurée, peu d’effets littéraires, d’indéniables talents pour les portraits… égrène le journaliste.
Finalement, d’un point de vue stylistique, c’est vrai qu’ils ont plus de points communs qu’on pourrait le croire. Djian se crispe un peu mais tient bon la barre.
Les références littéraires maintenant. Sensiblement les mêmes puisque la petite nouvelle du cénacle a calqué ses lectures sur son mentor : Carver, Brautigan, Kérouac, Salinger, Céline… Le courant passe. Etonnant mais chiant, chiant, ça devient chiant là… - Le sexe est très présent dans le style Djian et on peut dire qu’il l’est assez peu dans le vôtre, chère Anna (sourire complice du journaliste)… Est-ce par choix, par pudeur ?
- Par pudeur je pense. Sûrement un héritage de mon éducation. Je peine encore à prendre certains risques.
- Est-ce que finalement ce qui vous sépare le plus, n’est-ce pas simplement la prise de risque ? Le cru, l’extrême, un franc-parler, une certaine âpreté, des personnages plus marqués…
Je jette un œil discret en bas de l’escalier. Gavalda rougit. Djian semble amusé.
- Vous voulez dire que je ferais du Djian aux couleurs pastel ?
- Ca vous déplairait ?
- Vous plaisantez ?!…

Une heure plus tard…  

« Djibril, va me sortir les deux excités du chiotte n°2, ils font trop de bruit,  ! »

5 juin 2009

"Quand Philippe Djian rencontre Anna Gavalda " par Sarah C.


 

J’arrivais pas à croire que cette folle soit là à m’attendre. J’avais passé une journée affreuse, j’avais qu’une envie, c’était de me jeter sous la douche et d’oublier tous ces dingues que j’avais croisé aujourd’hui. Et non. Voilà que j’en trouvais une –probablement la pire- devant ma porte.
J’ai respiré un grand coup et j’ai essayé de lui envoyer mon plus beau sourire.
-Dis-moi, j’espère que tu viens pas te faire payer l’apéro. Nan parce que là, tel que tu me vois, je suis rompu vois-tu, et je pense pas avoir beaucoup de temps à t’accorder. 
Elle s’est levée d’un bond et s’est pratiquement jeté à mon cou.
-Bon sang Philippe, tu peux pas me laisser tomber, je t’en conjure, j’ai vraiment besoin de toi !
J’ai lâché un soupir à fendre l’âme, mais pas la sienne visiblement, ça l’a pas arrêtée une seconde, j’avais à peine ouvert la porte qu’elle se précipitait à l’intérieur.
Je me suis promis de casser la gueule de mon éditeur dès que j’aurais réglé cette affaire, et je me suis servi une bière pour me donner un peu de courage.
-Bon, qu’est-ce qui t’arrive encore ? J’ai demandé en me laissant choir sur le canapé.
-C’est cette fille, Philippe. Il faut que tu m’aides. Elle m’a fait une telle publicité avec ce maudit article
Que j’ai même pas eu le courage d’aller au salon du livre. Je t’assure. J’ose à peine mettre le pied dehors !  Il faut que tu m’aides … !
Cette conne était pratiquement au bord des larmes, et je ne voyais vraiment pas quelle espèce d’aide elle attendait de ma part.
-Ecoute, tu te fais du mauvais sang pour rien Anna. Si tu veux mon avis, cette Sarah Cancaven est juste une pauvre conne, une espèce d’écrivain ratée qui se défoule sur les autres. Si tu veux mon avis faut pas chercher plus loin. 
Je me suis servi une longue rasade de bière pendant qu’elle se mettait à gesticuler dans tous les sens, j’étais crevé et je comprenais la moitié de ce qu’elle me disait.
-Bon sang Anna tu me donnes le tournis, tu veux pas t’asseoir et te calmer un peu ?!
-Me calmer ?! Mais comment tu veux que je me calme ? Est-ce que tu as lu cet article ?!
-Bon, mais qu’est-ce que tu veux que j’y fasse ?! Je connais pas cette fille, qu’est-ce que t’attend de moi, au juste ?
Elle m’a jeté un tel regard que je me suis demandé un instant si c’était pas un truc sexuel, si elle voulait pas que je la réconforte d’une manière ou d’une autre.
-Sais-tu pourquoi je suis venu te voir toi Philippe ?
-Non, mais tu commences à me faire peur.
-C’est mon style Philippe, elle a fait en étouffant un sanglot. Mince, je crois que cette fille a raison, mon style ne vaut rien.
J’ai jeté un œil à la fenêtre mais j’habitais au deuxième étage, ça faisait un peu haut. Et je me voyais mal me barrer discrètement et la planter là, elle était dans un tel état qu’elle était bien capable de tout saccager autour d’elle. J’ai fermé les yeux un instant en visualisant tous les sévices que j’allais infliger à ce connard de Bernard, ce foutu connard de Bernard qui lui avait eu le culot de lui filer mon adresse.
Donner des conseils aux autres étaient la dernière chose que je me sentais capable de faire. Encore moins quand je venais de me taper toute une journée de dédicaces – dédicaces que j’avais gentiment accepté de faire pour la première fois de ma vie. Il perdait rien pour attendre. Oh non.
Comme je ne répondais rien, elle a enchainé en continuant de gesticuler comme un papillon de nuit.
-Philippe, dis-moi franchement. Qu’est-ce que tu penses de mon style ?
J’étais crevé, vraiment crevé, et je sentais qu’elle ne me lâcherait pas tant qu’elle aurait pas sa foutue réponse. Je me suis levé pour aller chercher une autre bière, que j’ai ouvert en soupirant. Quelle putain de journée.
-Anna. Si tu te mets à douter de ton style à chaque fois que t’as une mauvaise critique, t’es pas arrivée. Qu’est-ce qui te fait croire que cette dingue de journaliste a raison, elle plutôt que tes millions de lecteurs ? Parce que tu as bien des millions de lecteurs, je me trompe pas ?
-Oh bon sang Philippe, je supporte pas qu’on ne m’aime pas. J’ai envie de plaire à tout le monde, je le reconnais. Mince, je fais tout pour froisser personne, pas de vulgarité, de l’amour, de la tendresse, pas de violence … je comprends pas.
-Ben cherche pas plus loin. Il est là ton problème. C’est comme si tu baisais en gardant ton soutif.
-Hein ?
-Bon. Ecoute. Je me sens très mal placé pour te donner le moindre conseil. L’écriture, c’est quelque chose de très personnel. Et si tu veux mon avis, c’est une très mauvaise idée de venir voir n’importe quel écrivain pour lui demander des conseils. C’est même complètement con ... Non, putain Anna, te mets pas à chialer, je t’en supplie …
-Non, mais je croyais que … enfin …. Je croyais que ça te ferait plaisir, et puis ….
-Mais merde Anna, je l’ai coupée. Tu peux me dire à quoi ça rime ?! Je te connais à peine, tu te pointes chez moi, tu veux des conseils sur ton style rapport à une folle qui t’a démolie dans un article, tu peux me dire à quoi ça rime ?! Tu sais, je veux pas te blesser, mais ça en dit long. Crois-moi.
-Mais c’est quoi cette histoire de soutif … ?
-Bon. Est-ce que tu suces ?
-Mais t’es complètement malade !!! Bon sang mais tu crois quand même pas que je suis venue pour ça ?!!!
-Anna. Chérie. L’écriture, c’est comme le sexe. Quand tu y vas, faut y aller à fond. Faut arracher ta culotte, balancer ton soutif, crier, sucer, embrasser à pleine bouche. T’abandonner.
Oublier toutes tes questions, et ne pas te demander ce que va en penser le voisin. Je peux pas être plus explicite.
En un bond, elle avait atteint la porte. J’ai vu dans son regard qu’elle pensait être tombée sur un vrai malade, elle a serré son sac contre elle et elle a bredouillé un truc que j’ai pas compris.
-Nan mais attends Anna, je vais pas te sauter dessus, j’essayais juste de t’expliquer un truc, j’ai dit en me levant.
-Ecoute, euh … faut que j’y aille, elle a fait en ouvrant la porte, y a quelqu’un qui m’attend quelque part.

 

16 mai 2009

" La secte des Egoïstes " Par LILI

Peut-être à relire.


Si je devais faire une typologie personnelle des romans, il y en aurait - grosso modo - trois sortes : les romans à histoires (ceux qui sont censés finir sur une émotion), les romans à idées (qui sont sensé finir sur un questionnement), et les mixtes. Je sais, c’est très personnel et un peu basique, voire un peu personnel et très très basique, mais bon c’est ma typologie instinctive à moi. Il n’y a pas de bon ou de mauvais type, c’est juste comme avec le vin : l’essentiel c’est qu’il soit bon.
Donc déjà, celui-ci fait partie de la seconde sorte alors que j’aurais aimé qu’il fasse partie de la troisième… D’accord il y a le philosophe Gaspard L., celui que cherche le narrateur. Mais le personnage est assez peu cerné. Il s’agit d’une esquisse de personnage, une esquisse à gros traits… Ok, il y a une intrigue : cette « enquête » sur le philosophe…
Mais bon, franchement ça reste superficiel et pauvre en récit alors que le thème même du roman était tellement riche en questions, en hypothèses… « et si chacun était Dieu »…
Alors oui, les questions sont posées, la dialectique se tient, Eric-Emmanuel Schmitt écrit bien, très bien même, mais bon… Je reste déçue d’autant que j’aime vraiment la sensibilité de cet auteur. Je suis restée encore une fois sur ma faim. J’aurais aimé trouvé des personnages denses avec des détails signifiants, des fausses pistes, une petite révolution ou juste un semblant de retournement de situation, un peu de surprise, un zeste de folie…
La folie est évoquée bien-sûr mais dans l’esprit de l’auteur, il n’en reste qu’un zeste bien desséché.

Peut-être à relire, j’ai dit quand même.

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17 avril 2009

Un homme à distance

Bon, ça fait  longtemps. Ca fait à peu près un an. Mais ç'a été tellement intense ... et puis comme je lui ai dit, c'est pas tous les jours qu'on a l'occasion de dire à un auteur pourquoi on l'aime.
Pis après tout, elle, elle a bien mis ça sur son site. Alors pas que elle, hein, qu'a le droit.
Quand la magie opère dans un livre, déjà, ça tue. Mais quand elle opère avec l'auteur, alors là ...

Le 9/03/08 12:54, « XXXXX » a écrit :
Je ne connais pas du tout la Normandie. Mais j'irais bien à Fécamp, marcher sur les traces de Kay Bartholdi ... Dites, est-ce qu'elle existe vraiment, cette librairie d' "Un homme à distance" ?
Vous savez, du coup, je l'ai relu, ce livre, pour la énième fois ... et à chaque fois il me fait le même effet, c'est comme un fantasme, étrange et tellement intense.
Et cette petite musique ... " Un amour haut comme une cathédrale, violent comme une bordée de pirates ..... " Il n'y a pas beaucoup d'auteurs capables de vous la faire entendre, cette petite musique ... La première fois que j'ai entendu la vôtre, c'était avec "J'étais là avant " et cet homme marron, avec sa valise au bout du bras. Marquante, tellement marquante, cette image, que j'aurai presque pu lui arracher les yeux moi-même, à cet homme-là.
Bon, je sens que je vais encore me laisser emporter et vous saouler de paroles. J'espère que vous me pardonnerez, mais on n'a pas souvent l'occasion de dire à un auteur pourquoi on l'aime ...

Date: Sun, 9 Mar 2008 13:30:17 +0100
From: kpancol To: XXXXX
Moi, j’aime quand vous m’écrivez, et j’aime ce que vous écrivez, les mots que vous faîtes sonner comme le marteau sur l’enclume, paf, paf ! ça résonne dans ma tête et j’entends presque le bruit, je vois les étincelles !
Si on ne peut plus dire quand on aime, alors la vie n’est plus belle du tout, elle est carrément laide...
S’il faut prendre un air blasé, dire oui je sais, je sais... Alors je rends mon tablier !

La librairie de Fécamp existe. Je l’ai juste déplacée, l’ai posée sur le quai d’en face, le quai Maupassant, là où il y a du soleil tard dans l’après-midi. Elle s’appelle le Chat pître...
Et quand le livre est sorti, il y a des lecteurs qui sont allés “voir” la librairie, sont allés déjeuner dans le petit restaurant d’à côté...
Qu’est ce que j’aime ce livre, c’est comme si je ne l’avais pas écrit moi-même !
Et pourtant je l’ai écrit dans une sorte de fièvre, en trois semaines, sans bouger de la table de la cuisine de la maison près de Fécamp. À suer à grosses gouttes, à pleurer des larmes de désir, de mourir d’amour... J’étais en plein chagrin d’amour, un gros, gros chagrin et j’avais envie de mourir tout de suite, alors j’ai écrit Kay et Jonathan... J’ai écrit cette histoire où l’homme s’en va brutalement en ne disant rien et où on reste avec un trou si grand dans le ventre qu’on croit qu’on va mourir.
Je ne sais pas pourquoi je vous raconte tout ça. C’est parce que vous m’avez parlé d’ “Un homme à distance”. Ce livre brûle toujours en moi...
Vous voyez : moi aussi je vous saoule de paroles et j’espère que vous me pardonnerez...
Katherine Pancol

Le 9/03/08 14:58, « XXXXX» a écrit :
Si je vous pardonne ?! Mais vous m'avez achevée là, Katherine !
Il y a une telle urgence, dans ce livre ... ! Vous avez raison, la souffrance peut être magnifique, quand on la transforme en compassion ...
Vous savez, hier je parlais de livres avec mon amoureux et je parlais de vous, je disais que ce que j'aime, ce que je cherche, c'est sentir l'âme de l'auteur à travers ses livres, c'est avoir l'impression de parler avec lui, et qu'on sentait tellement l'âme de Katherine Pancol. Moi, j'ai souffert en même temps que Kay Bartholdi. Je l'ai suivie dans les rayons de sa librairie, j'ai préparé les paquets avec elle, je me suis léché les doigts après avoir mangé les moules de Laurent, je l'ai suivie sur son vélo, j'ai retrouvé mes seize ans et regardé David avec la même admiration, je me suis drapée dans sa souffrance, je l'ai suivie dans les vagues, et à la fin du livre j'étais sonnée, comme elle.
Vous savez que ce livre est celui que j'ai acheté le plus souvent, à chaque fois pour l'offrir, j'insistais, lis, lis ce livre ...

From: kpancol To: XXXXX
Oh la la !

Stop ! Arrêtez ou je vais mourir de plaisir, cette fois !
C’est incroyable ce que vous écrivez...
Cet échange de lettres entre nous qui suit cet échange de lettres eux, Kay et David (ou Jonathan ) ?

J’ai envie de la placarder sur mon site en disant “voilà pourquoi j’aime écrire, écrire, écrire parce que cela donne des rencontres comme celle-là, avec XXXX que je connais pas mais qui a des trous dans le coeur comme moi”...


Et si là, vous avez pas envie d'acheter ce livre, alors je sais plus quoi dire.
www.katherine-pancol.com


13 avril 2009

La cicatrice

C'est le premier roman que j'ai lu. Je devais avoir 13, 14 ans, un truc comme ça. Enfin, c'est peut-être pas
le premier que j'ai lu, mais c'est le premier dont je me souvienne.
Il fallait choisir un bouquin, et faire un exposé. Pour moi, à cette époque, c'était une vraie épreuve,
mais j'avais tellement aimé ce livre que d'un coup, monter sur l'estrade et le défendre, ça m'a paru super facile.
Je me rappelle quand même avec fierté avoir scotché tout le monde. Je me souviens aussi avoir eu un mal de chien pour pas me mettre à chialer devant tout le monde, tellement ce livre m'avait touchée. C'est une histoire qui commence mal, et qui finit encore plus mal. Alors forcément.
Et puis bien-sur, ce livre je l'ai rangé dans un coin de ma mémoire, et j'en ai ouvert des milliers d'autres.
C'est pratique, un livre, pour se cacher derrière. Et parfois, quand le miracle a lieu, on peut même se cacher dedans.
Hier on est allé à la Trocante, une espèce de bric à brac qui vend tout et n'importe quoi. Ca sent la poussière, ça caille un peu, mais au détour d'un lit de bébé, on peut tomber sur une merveille à trois francs six sous.
C'est comme ça que je me suis dirigée vers le rayon livre, fouinant au milieu des Danièle Steel pour trouver, peut-être, la perle rare. L'édition originale de L'herbe rouge, peut-être.
Et en fait, non. En fait je suis tombée sur La cicatrice.
Je l'ai attrapé comme si c'était un trésor, et tout m'est revenu. Cette histoire triste à pleurer, l'estrade, mon émotion. La cicatrice.
J'ai pensé au mec qui l'avait écrit un jour, et à son bouquin qui se retrouvait des années plus tard dans une foire fouille, à cinquante centimes. Puis j'ai pensé à la fille qui tombait dessus, un dimanche, et qui se souvenait dans un sourire extatique, de sa première émotion littéraire.
C'est peut-être pour ça, qu'on écrit.

6 avril 2009

Elles sont là, les femmes.

Je viens de finir un des derniers bouquins de Christin Orban. La mélancolie du dimanche.
Bon, elle écrit bien, Christine Orban. Enfin, moi j'aime bien son style.
Par contre, je suis restée sur ma faim. En fait non. En fait j'ai pas eu faim du tout.
Les femmes, dans la littérature, c'est un peu toujours la même chose.
Elles sont mariées et malheureuses, célibataires et malheureuses, trompées ou adultérines,
elles campent devant leur téléphone dans l'espoir du coup de fil libérateur, traquent les signes d'infidélité de leurs époux, et en font un roman. Parfois c'est bien, souvent ça me fait chier, en fait.
C'est toujours pareil. Ca manque d'audace. C'est ce que je me suis dit à la fin du roman de Christine Orban.
Ca manque d'audace.
Moi je voudrais une femme rock n'roll, pas une pétasse qui fait les boutiques et s'achète une guêpière pour son rendez-vous amoureux. Moi je voudrais une femme qui n'ira pas, au rendez-vous. Ou qui ira peut-être au dernier moment. Qui pleurera sur du Amy Winehouse, qui boira un whisky à ta santé.
Une femme telle que j'en connais dans la vie, mais telle que j'en vois rarement dans la littérature.

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